Un cadre de gouvernance à trois piliers pour une tarification équitable de l’assurance

Alors que les modèles de tarification reposant sur les données massives et les algorithmes prédictifs redéfinissent le secteur de l’assurance, la question de l’équité est devenue centrale. Comment garantir une tarification à la fois précise, transparente et socialement juste ?

Dans leur Working Paper n°37, intitulé Un cadre de gouvernance à trois piliers pour une tarification équitable de l’assurance, Arthur Charpentier, Olivier Côté et Marie-Pier Côté proposent un cadre conceptuel novateur articulé autour de trois principes fondamentaux : l’équité actuarielle, la solidarité et la causalité. Ces trois piliers, complémentaires, constituent selon eux les bases d’une gouvernance éthique et responsable de la tarification en assurance.

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Trois piliers pour repenser l’équité

Les auteurs rappellent que l’assurance repose sur un équilibre fragile entre le risque individuel et la protection collective. Or, les modèles contemporains fondés sur l’intelligence artificielle et les données massives soulèvent de nouvelles questions d’équité, notamment face aux caractéristiques protégées ou sensibles.

Leur cadre à trois piliers met en lumière les arbitrages éthiques auxquels actuaires et assureurs sont confrontés :

• L’équité actuarielle vise la précision basée sur le risque, mais peut renforcer les disparités socioéconomiques.
• La solidarité assure la mutualisation et la protection collective, tout en pouvant réduire l’efficience du marché.
• La causalité, en cherchant à isoler les véritables effets de risque, repose sur des hypothèses complexes et parfois invérifiables.

Aucun de ces principes ne peut dominer sans compromettre les autres : c’est leur articulation équilibrée qui permet une tarification équitable et durable.

Un cadre pour une gouvernance responsable

Ce modèle tridimensionnel dépasse la seule approche technique de la tarification pour proposer un véritable cadre de gouvernance.
En s’appuyant sur les travaux de Rawls et Sen en justice distributive, de Floridi et Nissenbaum en éthique de l’information, et sur la théorie du partage du risque d’Arrow, les auteurs replacent la tarification de l’assurance dans un débat plus large sur la responsabilité sociale des entreprises et la gouvernance algorithmique.

Ils invitent ainsi à considérer l’équité non plus comme une hypothèse implicite, mais comme un objectif explicite à intégrer dans les pratiques réglementaires et décisionnelles du secteur.

À propos de la Chaire PARI

La Chaire PARI (Prédiction, Assurance, Risque et Intelligence), hébergée à la Fondation du Risque et soutenue par l’Institut Louis Bachelier, explore les interactions entre sciences des données, actuariat et éthique du risque.
Elle vise à accompagner l’évolution du secteur assurantiel face aux transformations technologiques, en développant des outils de gouvernance et de régulation adaptés aux nouveaux usages de l’intelligence artificielle.

Les travaux de la Chaire contribuent à éclairer les décideurs publics, les régulateurs et les professionnels du secteur sur les enjeux de transparence, de justice algorithmique et de solidarité économique au sein des modèles prédictifs de l’assurance et de la finance.

Une réflexion à portée élargie

Au-delà du champ assurantiel, ce cadre à trois piliers fournit une grille d’analyse applicable à d’autres domaines de décision algorithmique fondée sur le risque — comme le crédit, la santé, ou la protection sociale.
En rendant explicites les compromis éthiques entre précision, solidarité et causalité, il offre une voie pour repenser la gouvernance des algorithmes au service de l’équité et de la confiance.

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